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Cultivable sans phytos, pompe à nitrate : le chanvre est une plante vertueuse

Le chanvre doit être implanté dans un sol suffisamment réchauffé pour garantir son pouvoir couvrant.

Culture à bas niveau d’intrants par excellence, le chanvre se conduit sans produits phytosanitaires et s’avère être une bonne pompe à nitrates.

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Si des collectivités comme Chartres Métropoles et Eau du Bassin Rennais font le pari du chanvre pour protéger la qualité de l’eau de leurs captages, c’est parce que la culture nécessite peu d’intrants. En effet, elle se conduit sans usage de produits phytosanitaires. « Le chanvre est une plante rustique dont les variétés sont des populations, explique Louis-Marie Allard, référent national du chanvre chez Terres Inovia. Chaque pied est génétiquement différent de son voisin, ce qui confère à la plante une certaine tolérance aux maladies ».

Grâce à son fort pouvoir couvrant, la culture n’a pas besoin d’herbicide. « Mais pour que le chanvre « explose » dès le semis, il faut impérativement respecter certaines conditions d’implantation, averti Louis-Marie Allard. En particulier, le sol doit être réchauffé à 11-12 degrés et le semis direct à proscrire, au risque d’avoir une lourde perte de pieds entraînant une clarification marquée de la parcelle ». La culture étant photosensible (pour une variété et zone donnée, la floraison aura toujours lieu à la même date), la date de semis doit être bien réfléchie. En effet, plus le chanvre sera semé tardivement, moins il fera de biomasse. « Il faut donc trouver le bon compromis entre ne pas semer trop tôt ni trop tard, juge Louis-Marie Allard. Si la croissance des plantes n’est pas optimale dès l’implantation, on risque de retrouver des adventices estivales, notamment de l’ambroisie et du datura principalement en bordure de parcelles ».

Économe en eau

Les quelques problèmes de maîtrise des adventices peuvent aussi trouver leur origine dans la fertilisation azotée. « Le salissement pourrait s’expliquer par une sous-estimation des besoins en azote du chanvre », explique Louis-Marie Allard. En l’état actuel, les apports s’échelonnent entre 70 et 140 unités selon le débouché recherché. « La culture n’est pas la meilleure candidate pour les captages situés en zones vulnérables, juge l’expert. En revanche, c’est une bonne pompe à nitrates qui laisse peu de reliquats dans les sols. C’est aussi un bon précédent céréale à paille sur la restitution de l’azote en facilitant l'exploration racinaire de la culture suivante ».

Enfin, le chanvre répond bien aux enjeux quantitatifs de l’eau, auxquels de plus en plus de collectivités sont confrontées. « 95 % des surfaces de chanvre sont conduites sans irrigation, indique le référent de Terres Inovia. Là où elle se fait, c’est à l’implantation, soit à une période différente des autres cultures de printemps ». Selon une étude d’InterChanvre, l’intégration du chanvre dans une rotation type céréalière permet d’économiser 133 m3/ha d’eau et 22,50 €/ha de traitement de potabilisation.

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